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Transpacifique partie 1 : vers les Galápagos

  • Photo du rédacteur: Reef Sailing
    Reef Sailing
  • 23 juil. 2023
  • 7 min de lecture

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Nous nous accordons 2 nuits à la Marina « la Playita ». Les locaux sont plus spartiates, les douches et les machines à laver plus capricieuses, mais ça fera l’affaire. Des Ratons-Laveurs sauvages nous accueillent avec leur démarche timide. Ce soir c’est restaurant Colombien, où nous nous régalons de spécialités culinaires. Sur le retour un gardien de la Marina nous interpelle, Karamel s’est enfuie du bateau sûrement à cause des orages. La voilà accrochée à une corde à ses pieds. Swell nous avait déjà fait le coup à Shelter bay de l’autre côté du canal, divaguant plus de 2h dans la jungle et la marina pendant que nous étions à la piscine… il avait été rattrapé par les serveurs du restaurant de la Marina et récupéré par Amandine dans la soirée après plusieurs dizaines de minutes de panique. Les chiens seront donc attachés la nuit et pendant notre absence, nous ne pouvons pas nous permettre de les perdre encore une fois.



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Le lendemain la journée commence avec les formalités administratives et douanières : payer la Marina, clearance de sortie au bureau des affaires maritimes (100 US !), bureau des immigrations pour les visas de sortie.Personne ne nous demande le fameux permis de navigation à la nécessité douteuse. Susy avait expliqué que ce dernier mettait 3 semaines à être édité par les autorités Panaméennes et coûtait entre 200 et 500 US. Cela nous aurait énormément retardés. A priori, être en simple transit avec un séjour de moins de 15 jours permet d’en être dispensé mais rien n’était sûr. De même, aucune question n’a été posé pour les chiens.

La deuxième partie de la journée est consacrée aux courses alimentaires. Un taxi minibus se charge de nous emmener dans différents magasins pour faire nos emplettes. Nous traversons la ville de Panama : des grattes-ciel tous plus haut les uns que les autres nous éblouissent par leur architecture unique. La journée se termine tard, nous devons décharger le taxi et tout ranger dans le bateau. Les cales sont de nouveau remplies de bouteilles d’eau et les coffres de nourriture. Le moindre recoin est exploité. La répartition du poids est soignée pour éviter que le bateau ne penche d’un côté ou l’autre.


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J1 Le bateau est prêt, les réservoirs d’eau et d’essence sont pleins. Nous quittons le petit port de la Playita sous un soleil de plomb et un beau ciel dégagé en fin de matinée le 15 juillet 2023. A l’extérieur, les Cargos sont en attente du passage du canal côté Pacifique, les 24-48h premières heures de navigation vont être consacrées à éviter une éventuelle collision. Il est prévu que nous ne fassions quasiment que du moteur pendant plusieurs jours, faute de vent au sortir du Panama. Par chance, les premières heures de navigation se font à la voile sous 15 noeuds de vent. Mais rapidement nous passons au moteur. Un grain rince le bateau et nos corps en fin de journée, nous en profitons pour nous savonner sous la pluie.

Ce soir c’est purée saucisses compote à la Belge et entrée avec une dorade fraîchement pêchée.

Nous répétons le système de quart de nuit à 5 :

- Moussaillon 1 de 20h à 22h puis de 6 à 8h

- Moussaillon 2 de 22h à minuit

- Moussaillon 3 de minuit à 2h

- Moussaillon 4 de 2 à 4h

- Moussaillon 5 de 4 à 6h


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J2 Cette première nuit est mouvementée : 3 matelots sur 5 sont malades et vomissent. Sûrement une intoxication alimentaire, mais liée à quoi ? On ne sait pas !


Le réveil est humide, un grain nous détrempe pendant 40 longues minutes avec des pointes de vent à 45 noeuds. Les prochains jours promettent d’être pluvieux. La météo s’améliore dans la journée et nous permet de nous sécher. Noémie est toujours couchée et en petite forme. Les autres sont un peu plus vaillants mais vaseux. Des dauphins viennent nous rendre visite en fin de journée en sautant joyeusement autour du bateau mais ne restent pas très longtemps. Nous jetons un dernier regard à la terre que nous ne reverrons pas avant 1 mois.


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J3 l’équipage va mieux, les estomacs sont moins capricieux. La mer est toujours d’huile mais les garçons s’essaient à monter pour la première fois la trinquette pour rajouter une voile en plus . Frinkle et Pascal se creusent les méninges pour trouver le meilleur routage possible : nous devons récupérer du vent le plus vite possible pour ne pas épuiser nos réserves d’essence. A priori il nous reste environ 5 jours avant les Galápagos, que nous passerons par le Nord. Nous espérons retrouver de bonnes conditions un peu avant. Les nuits sont calmes et nous retrouvons le plancton luminescent. Le ciel fuse d’étoiles filantes et la Voie lactée nous apparaît dans toute sa splendeur. Les chiens semblent accepter le bateau comme leur maison, ils sont à l’aise dessus et se risquent à quitter le cockpit de plus en plus souvent pour se balader sur le pont.


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J4 on se risque à une baignade dans l’immensité de l’océan Pacifique. Le bateau est à l’arrêt, moteur éteint, voiles repliées. Noémie Pascal Frinkle Amandine et les chiens sautent à l’eau pour se rafraîchir, une corde les reliant au bateau. Pendant ce temps Arnaud dort paisiblement dans sa cabine. L’eau est d’un bleu profond et limpide, et l’on y voit se perdre dans les profondeurs les rayons du soleil. Tout le monde remonte à bord et c’est reparti pour une journée de moteur, qui nous espérons, sera la dernière. Diverses activités rythment notre journée : lecture, gymnastique, parties de cartes,…Pas de pêche fructueuse aujourd’hui au grand désespoir de Frinkle. La météo reste clémente et nous laisse au sec toute la journée. La nuit se venge avec un ciel électrique. Vers 3h du matin, un orage s’abat sur nous et les éclairs éclatent partout autour de nous. La pluie est torrentielle mais heureusement pas de houle ni de vent. Les moussaillons s’emmitouflent dans leur tenue étanche et attendent que le mauvais temps passe. L’électricité dans l’air est palpable. Le bateau avance seul au moteur dans la nuit, dirigé par le pilote automatique.

En effet, dans la Zone de convergence intertropicale (ZCIT) où nous nous trouvons, ou « pot au noir », le vent est quasiment absent et les orages très fréquents toute l’année . L’objectif est de sortir le plus rapidement possible de cette zone pour retrouver le vent des Alizés. Étant en plein phénomène « El Niño» les conditions météorologiques sont plus aléatoires et moins prévisibles que d’ordinaire ce qui complique la tâche. Pour autant, la période est favorable aux Alizés qui sont à présent bien établis plus loin sur la route par rapport à Janvier/Février. Nous sommes également hors période cyclonique dans le Pacifique sud, ce qui est un sérieux avantage en plein épisode d’« El Niño ».


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J5 le vent se laisse désirer. Il gonfle nos voiles en milieu d’après midi mais est toujours orienté quasiment face au bateau. Nous avons déjà bien entamé nos réserves de gasoil et il est d’ores et déjà certain que nous ne pourrons pas continuer au moteur jusqu’aux îles Galápagos. Les prévisions de vent se revoient à la baisse. Le capitaine est agacé et l’équipage reste silencieux. Les esprits s’échauffent pour trouver une stratégie pour enfin sortir de cette zone maudite du « pot au noir ». Tirer droit vers le sud pour en sortir plus vite ? Ou garder le cap à tout prix pour économiser des jours de navigation ?


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J6 nos prières au dieu Éole ont été entendues. La nuit dernière vers 21h le vent a fait timidement son retour avec un petit 10 noeuds de vent quasiment de face. Plus tard dans la nuit, il s’installe plus durablement pour nous permettre de faire une navigation avec 15-20 noeuds de vent. La température a baissé de quelques degrés, l’équipage se couvre et ressent la fraîcheur la nuit. Nous ne sommes plus qu’à 280 miles du Nord des Galápagos. Notre joie est de courte durée, le ciel se couvre et nous sommes trempés par la pluie quasiment toute la journée. La houle désorganisée rend le repos quasi impossible. Bientôt le vent monte autour de 25 noeuds. Même si les conditions sont peu confortables nous naviguons à la vitesse de 6 noeuds de moyenne, ce qui nous ravit. La nuit qui suit est l’une des plus inconfortables du voyage : la houle tente à chaque passage de nous éjecter du lit, le bateau grince sous le poids du vent, la coque heurte avec fracas les vagues, la gîte rend les déplacements sur nos deux jambes hasardeux dans le noir et les lits sont humides de l’air marin. Les esprits restent vigilants pendant les quarts de nuit. Par 2 fois depuis notre départ du Panama, nous avons croisé de gros bateaux de pêcheurs illuminés qui n’étaient pas signalés par notre radar AIS.


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J7 la mer s’est rangée et la houle est beaucoup plus agréable. Nous soufflons. Les Alizés sont constants et nous maintenons une bonne vitesse autour de 6 noeuds. Les courants sont avec nous et devraient le rester jusqu’à destination.

Les melons ont pourris, l’odeur est infecte. Nous voilà partis pour nettoyer les surfaces et les tissus où le jus putride a coulé à l’intérieur dans le carré central. Les conditions de conservation des aliments frais sont nettement plus ardues sur un bateau. L’air salin, l’humidité et le manque d’aération font tout pourrir.

Des fous viennent reposer leurs ailes à l’avant du bateau après une journée de pêche, les chiens sont intrigués. Nous croisons également plusieurs bancs de dauphins et de Globicephales . Nous nous rapprochons des îles Galápagos, bientôt elles seront derrière nous. Les garçons ramènent en fin de journée une grosse dorade Coryphène colorée. Ce soir c’est Mahi Mahi en tartare ou cuisiné avec du riz !


J8 le réveil est difficile pour Amandine, c’est la deuxième nuit d’affilée sans dormir correctement. La houle a beau être plus agréable, le bateau gîte beaucoup et le seul moyen de se décontracter est de se caler contre une paroi pour dormir. Notre monde est penché sur la droite et secoué en permanence, nous devons nous y habituer. En fin de matinée nous traversons les îles des Galápagos par le Nord. Après un moment de calme, le vent reprend de plus belle. D’après les prévisions des garçons, nous devrions arriver à Nuku Hiva d’ici 21 jours si nous avons une moyenne de 5,7 noeuds de vitesse. Si nous maintenons notre vitesse actuelle de 6-7 noeuds, nous sommes partis pour faire encore plus court.

Devant nous l’immensité de l’océan Pacifique s’étend. Plus aucune terre ne nous sépare de la destination. En avant l’aventure et que le vent et la houle soient cléments !




 
 
 

5 commentaires


ange.verdoncktprive
26 juil. 2023

Eh bien, c’est à la fois très intéressant de vous lire mais aussi un peu stressant 😀 on découvre l’envers du décor , les plaisirs mais aussi les galères … Vous gérez parfaitement il faut le dire, ce qui force encore notre admiration. Nos vies paraissent bien plus fades et notre belgitude en prend un coup. Il faudra donc attendre de vous lire prochainement pour pouvoir ressentir a posteriori quelques frissons et quelques uns de vos ressentis d’aventuriers du pacifique. Je serai donc au rendez-vous. Merci de me faire rêver et voguer pacifiquement.A bientôt

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nadine
24 juil. 2023

Axel Bauer - Cargo [Audio] / Axel Bauer officiel https://www.youtube.com/watch?v=Js67MmvR9Pg

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caroline verdonckt
caroline verdonckt
24 juil. 2023

Courage pour la suite. C'est solide comme aventure 😍😍

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delaunoyannemichele
24 juil. 2023

Quel périple! J'espère que la météo sera plus favorable pour la suite 🤞 Merci de nous faire vivre cette aventure.. 🐬⛵

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Véronique Guévar
Véronique Guévar
23 juil. 2023

Nous attendons tjs avec impatience cette petite littérature qui nous en dit long sur votre vie sur le Reef… Merciiii ❣️

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