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Exquises Marquises : l’île de Nuku Hiva

  • Photo du rédacteur: Reef Sailing
    Reef Sailing
  • 20 août 2023
  • 9 min de lecture

Nous jetons l’ancre dans la baie de Taiohae sur l’île de Nuku hiva. Les premiers temps sont consacrés à mettre l’annexe à l’eau et direction le quai pour reprendre contact avec la terre ferme après 25 jours en mer. A peine arrivés sur la plage nous apercevons deux marquisiens à cheval lancés à toute allure sur la plage à cru. Le ciel est couvert ce qui confère une atmosphère mystérieuse à cette baie surplombée de pic rocheux abrupts. Le village est paisible et nous déambulons émerveillés dans la rue principale. Le choix du restaurant du soir est fait, nous mangerons chez Moana Nui, chaudement recommandé par le guide touristique papier. Le repas est un délice : tout le monde a pris de la viande et nous goûtons les bières locales « Hinano » ou « Hoa ». L’équipage craque même pour un dessert. La monnaie locale est le Franc Pacifique où 1€ équivaut à 0,008 FCP. La nuit de sommeil est paisible et enfin complète, sans quart de nuit pour l’interrompre.


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Le lendemain matin le réveil est matinal avec par chance un magnifique ciel bleu. Amandine et Frinkle partent chercher le petit déjeuner à terre. Le marché artisanal est ouvert. Difficile de résister et de ne pas passer au milieu des étalages de Tikis en bois sculptés, bijoux en os gravé ou graines végétales. Les Marquisiens comptent parmi les meilleurs créateurs du Pacifique : art traditionnel du tatouage, de la sculpture, du tapa, l’art culinaire, le retour du bois de santal, témoignent du renouveau culturel marquisien. Sur le quai, les pêcheurs jettent les déchets de poissons dans l’eau et créent un attroupement de requins affamés dans l’eau trouble. Les ailerons gris s’agitent furieusement à la surface dès qu’un morceau de poisson tombe dans l’eau. De retour sur le bateau, l’équipage se met à faire le ménage. Les garçons partent à terre assez rapidement pour déposer le linge sale, les poubelles et commencer les démarches administratives d’arrivée en Polynésie Française à la gendarmerie. Les filles les rejoignent pour manger à midi sur le marché puis retour sur le bateau pour finir le ménage et rangement. Arnaud a repéré un tatoueur local et a pris rendez-vous pour le lendemain. L’origine de l’art du tatouage polynésien vient des Marquises, et le talent de ces tatoueurs est très recherché. Ce soir nous avons le luxe de dormir dans un airbnb au Temaeva lodge. Les deux bungalows sont tout neufs et les travaux tout juste finis. L’eau chaude n’est pas encore installée dans l’un d’eux. Ça n’est pas grave, nous voulons juste un lit propre et une douche d’eau douce. Le restaurant Moana Nui devient notre fidèle adresse du soir.


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La nuit a été bruyante, Amandine et Pascal se souviennent des fameux coqs de Polynésie qui crient à partir de 23h non stop toute la nuit. Des chiens et la route à proximité se sont aussi fait entendre. Néanmoins le réveil est paisible, et nous nous mettons en route vers 11h pour aller chercher le linge propre au yacht service et voir Swell et Karamel restés sagement sur le bateau. La tonne de linge est récupérée et ramenée sur le bateau. Malheureuse la qualité de l’eau sur Nuku Hiva est médiocre voir boueuse, le linge est livré avec des traces de terre bien visibles sur les tissus blancs et à moitié sec. Nous mangeons de nouveau sur le marché puis Arnaud nous quitte pour se rendre au salon de tatouage vers 13h. Pascal, Noémie, Frinkle et Amandine partent pour une petite randonnée proche du village sur un pic surplombant l’entrée de la baie de Taiohae. Sur le retour, nous passons voir Arnaud en pleine séance de tatouage. Celle-ci commence par une discussion avec le tatoueur nommé « Ahi » sur les symboles ajoutés et la signification souhaitée, puis le tatoueur dessine le patron du tatouage sur la zone choisie. Les contours sont faits avec l’aiguille puis la dernière étape est le remplissage des parties pleines. La séance dure environ 7h en totalité. Le soir nous mangeons dans la pension qui jouxte nos bungalows. Le repas est convivial et local et nous nous régalons. En discutant avec les propriétaires de la pension, nous apprenons que la règlementation locale interdit non seulement de récolter l’eau de pluie mais aussi de mettre des panneaux solaires sur les toitures. Encore une aberration politique quand on voit la qualité de l’eau proposée et les nombreuses coupures d’électricité observées depuis notre arrivée sur place. Nous apprenons également que les Marquisiens et les Tahitiens ne s’entendent guère, par divergence d’opinions sur bon nombre de sujets politiques ou autres.




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Samedi, dernier jour avec Pascal avant son retour pour la Martinique. Nous avons loué un pick-up pour la journée. Nous partons de bonne heure explorer l’île par la route. L’option « vadrouille mais pas de grosse randonnée » est choisie car Pascal est douloureux à la hanche, et Arnaud est fraîchement tatoué sur le pied et donc ne peut pas mettre de chaussure fermée. Depuis un point de vue, nous pouvons apercevoir la baie de Taiohae où notre Reef est à l’ancre. L’ile est volcanique et dépourvue de lagon ce qui lui confère son charme si particulier. L’air est d’une grande clarté et nous pouvons même apercevoir en détail les îles voisines de Ua pou et Ua Huka. Après 1h de route dans une végétation luxuriante de feuillus mixés avec des cocotiers, nous arrivons dans la baie de Hatiheu. Sur le trajet nous croisons les vestiges d’un site archéologique composé de sous-bassement des anciennes habitations, des majestueux Tiki de pierres taillées, ou encore des marae, lieux de culte. L’arrivée dans la

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baie est spectaculaire : des pics montagneux surplombent le village en contre bas, telle une colonne vertébrale de quelques dragons de roche. Nous n’avons pas fini d’en prendre plein les yeux, une fois dans la baie nous avons le droit à un véritable ballet de raies manta qui se déplacent parfois en groupe de 3 ou 4 à la surface de l’eau. Nous prenons la route à pied sur le chemin de terre qui relie la baie de Hatiheu à celle d’Anaho. Une fois arrivés sur place, nous sommes plongés dans une atmosphère hors du temps. Ici pas de route, mais un chemin dans le sable qui permet de relier les différentes maisons le long de la plage. Sur le trajet nous croisons plusieurs locaux toujours aussi souriants et affectueux. Pas de voiture mais des chevaux pour se déplacer ou transporter les charges lourdes, et tout le monde se connaît. Nous rentrons sur Hatiheu en speedboat accompagnés par un local qui nous a gentiment proposé ses services. Depuis la mer, nous pouvons voir à quel point les reliefs ressemblent à des coulées de lave fraîche tout juste colonisées par quelques brins d’herbe. Nous retournons dormir sur le bateau le soir après un passage obligé dans notre restaurant préféré chez Moana Nui.


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Pascal alias « daddy » nous quitte et prend son avion pour Tahiti avant de rejoindre la France puis la Martinique. Les aux-revoirs sont émus mais surtout joyeux en re-pensant à l’aventure qui a été partagée. L’équipage restant met le cap sur Hakaui ou « vallée des Rois », uniquement accessible en bateau après 1 petite heure de navigation. Si nous pensions en avoir déjà pris plein la vue, c’était sans compter sur les majestueux pics de la vallée de Hakaui. Nous sommes tout simplement bouchés bées. Après une arrivée sur la plage quelque peu chaotique à cause des vagues et du peu de profondeur de l’eau, nous nous engageons émerveillés dans cette vallée hors du temps. Des chevaux et des vaches broutent tranquillement à côté des maisons. Les quelques rares habitants produisent le coprah, chaire blanche séchée de la noix de coco, qui sera ensuite acheminée sur Tahiti pour en faire de l’huile de Monoï.

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Nous croisons la route de Kua et Teiki qui nous invitent à manger le soir même et nous proposent à la vente les fruits de leur verger : pamplemousses, citrons et régime de bananes. La randonnée est paisible, nous traversons plusieurs ruisseaux et passons le plus clair du temps dans la végétation dense de la vallée. Après une légère montée, nous arrivons à un point de vue sur la majestueuse cascade Vaipo entourée de ses pics rocheux. Haute de 350m, nous avons la chance de voir l’eau couler car nous sommes en saison des pluies. Frinkle sort son drone et fait de magnifiques images. La portée du drone lui permet de venir le placer juste à côté du sommet de la cascade. Nous reprenons la marche et poussons jusqu’au pied de la cascade. Les derniers mètres se font au fond d’un canyon haut de plusieurs centaines de mètres. De retour dans la vallée, après un rapide aller retour au bateau nous nous douchons au tuyau d’eau douce à même la plage. Arnaud est resté au bateau car il est malade. Nous arrivons donc à 3 chez Kua et Teiki où nous sommes accueillis avec toute la bonne humeur typiquement Marquisienne, sur une terrasse en terre battue couverte par de la tôle et éclairée par quelques ampoules fatiguées. Au menu bœuf au barbecue (tué le matin même!)accompagné de beignets et frites de banane. Le repas est un régal autant que les histoires de nos hôtes. Leur vision de la vie est un exemple : travail acharné et générosité immense envers son prochain. Les terres de la vallée appartiennent à la famille de Kua, et elle et son mari ont dû partir de rien pour en arriver là où il sont aujourd’hui. Après deux ans et demie de récolte de coprah sans compter les heures de travail, ils ont pu investir pour cultiver leurs fruits et légumes et développer leur petite cuisine restaurant équipée de panneaux solaires, de gaz et d’un congélateur. Toute la production est locale, des fruits et légumes en passant par le poisson ou la viande. La soirée se conclut avec une photo souvenir et des remerciements chaleureux pour ce merveilleux moment passé en leur compagnie. Le retour en annexe au bateau est sportif : la marée est descendue et les vagues sont au rendez-vous. Dans le noir complet, Amandine Noémie et Frinkle traînent tant bien que mal l’annexe jusqu’à ce que la profondeur permette de mettre en marche le moteur hors-bords. La suite est folklorique, les vagues font office de tremplin à l’annexe lancée à pleine vitesse pour éviter de se faire submerger. A chaque vol plané Frinkle retient Noémie pour éviter la chute. Nous finissons par arriver sains et saufs au bateau où nous attend, confortablement installé dans son lit Arnaud avec son bol de soupe.


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Lundi matin, Arnaud et Frinkle s’activent pour remplir les cuves d’eau du bateau avec notre seul bidon de 35L. En effet, Kua nous a indiqué hier que contrairement au reste de l’île, l’eau de la vallée est potable. Pendant ce temps les filles s’activent pour ranger le bateau. Amandine bricole et monte au mât pendant que Noémie l’assure, pour réparer les cordages qui tiennent en place le lazy-bag (sac de la grand voile). Après 8 aller-retours, les cuves sont enfin pleines et nous repartons pour la baie de Taiohae. Une fois sur place, c’est au tour de la cuve à essence d’être remplie avec de multiples aller-retour, bidons en main. La journée se termine avec une douche d’eau douce sur le quai, des courses alimentaires en catastrophe avant la fermeture et un dernier restaurant. Au petit Super U du coin, tout est cher et surtout le fromage et les produits laitiers en général : 20e le paquet de gruyère râpé ! Demain nous partons pour les Tuamotu. Le cap est mis sur l’Atoll de Fakarava où l’équipage espère pouvoir sortir les ailes de kite après 4 jours de navigation.


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A peine 24h après notre départ en mer, nous vivons les pires conditions de navigation depuis la Martinique : 40 noeuds de vent en moyenne avec des rafales allant jusqu’à 50 noeuds (pour rappel 1 noeud = 1,8 km/h), une mer démontée avec des vagues qui déferlent et submergent systématiquement le pont et quelque fois le cockpit où nous sommes abrités. Quelques vagues vont même jusqu’à rentrer dans le bateau ! Des nuages de pluie réguliers viennent s’ajouter à notre malheur. Pendant 48h nous devons composer avec ces conditions de jour comme de nuit. Impossible de faire chauffer quoi que ce soit pour manger, impossible de tenir debout même en se tenant, impossible de rester secs dans le cockpit. Le bateau est secoué de toute part comme une coquille vide dans la tempête. Les chiens sont trempés sans jamais sécher. Tout le monde garde sa tenue de pluie intégrale et son gilet dès qu’il est dans le cockpit. Nous nous relayons même le jour pour affronter le mauvais temps à l’extérieur, entre quelques moments de repos dans les couchettes au sec.


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L’arrivée sur Fakarava est aussi technique : nous devons absolument tenir compte des marées pour franchir la passe. En effet nous devons attendre la marée montante pour que le courant soit en notre faveur, c’est à dire entrant dans le lagon de l’atoll. Malheureusement si nous maintenons notre allure, nous devrions arriver de nuit et au mauvais moment. Nous devons donc attendre avant de pouvoir passer le chenal en ralentissant notre allure, malgré le vent qui nous cogne toujours autant.

Le lendemain, l’atoll de Fakarava est en vue. Nous approchons doucement, fatigués et ballotés par les vagues. Nous allons le tenter même si c’est encore un peu tôt : cap sur la passe sud de Fakarava. A priori pas de phénomène de Mascaret (vague qui se forme dans la passe avec le courant) nous nous engageons donc. La tension est palpable, le capitaine est concentré et silencieux, Amandine l’assiste pour le guider et éviter les patates de corails. Quelques minutes plus tard la mer se calme, nous y sommes enfin. Nous sommes maintenant dans l’immense lagon de Fakarava !


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4 commentaires


ange.verdoncktprive
21 août 2023

( Je recommence ici mon commentaire, j’espère que mon mot de passe robuste aura cette fois été enregistré, sinon aucune chance que je m’en sorte cette fois encore hihi….)

Tellement passionnant de vous lire,et de suivre vos aventures, heureusement ceci dit qu’on reçoit ces récits à posteriori , sinon j’en connais qui auraient fait décoller des hélicos pour moins que ça 😛😅. Quel bonheur de vous retrouver dans des paradis terrestres (mais qu’est ce qu’on fout encore ici nous ?), de vous voir découvrir des peuples et des territoires, et vivre de belles rencontres humaines, animales,…Impossible de ne pas devenir accros à ces rendez-vous, qui nous permettent de lire autre chose que tout va bien, on gère,…, et d’en savoir…


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Swm 250
Swm 250
21 août 2023

Waouh... j'ai failli vomir en lisant ce superbe récit... faut dire que la mer c'est pas mon truc ...

Continuez à profiter de ce magnifique voyage. Bises à tous, en particulier au moussaillon No (;-))

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bruno.arnould
21 août 2023

Superbe récit! L'océan démonté de nuit avec les vagues qui submergent le pont ça doit être un tantinet flippant. Bonne continuation pour cette incroyable aventure.

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nathalierenvier
21 août 2023

Encore un article passionnant et merveilleusement bien écrit. Les Marquises telles qu’on les a ressentis il y a des années. profitez bien !

❤️❤️❤️ma grande.

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