Crossing Panama Canal
- Reef Sailing

- 14 juil. 2023
- 5 min de lecture
Un petit restaurant nous permet de fêter notre arrivée. La douche chaude dans les locaux de la Marina nous régale et l’eau coule de longues minutes ce soir là. Petite info exotique : attention il y a des crocodiles dans l’eau du port ! Impossible pour Frinkle de tester le foil dans ces eaux. La Marina est bien équipée : un restaurant, une salle avec canapés, télévision, ordinateur et tables, un magasin pour bateau, un supermarché miniature, une laverie, une piscine, une zone de carénage à sec.


La semaine est pluvieuse au Panama, prévisible... Dès qu’une éclaircie se dessine, randonnée dans la jungle environnante : au programme observation de la faune. Nous avons eu la chance d’apercevoir des capucins sauvages, une espèce de vautour du Panama et même d’entendre les cris étranges des singes hurleurs. Ces hurlements peuvent être assez terrifiants et font penser à l’arrivée d’une horde de zombies tout droit sortie d’un film. Nos pas nous amènent jusqu’à une plage depuis laquelle nous pouvons observer les cargos en attente du passage du canal et quelques épaves échouées. Le décor est assez irréel. La Marina est encerclée par des bâtiments abandonnés et nous entendons des chants énergiques régulièrement dans la journée : nous sommes en fait dans l’enceinte d’un camp militaire. Un aéroport abandonné est également présent sur le site.
Les journées se complètent avec du nettoyage et l’entretien du bateau : changement des batteries source de tant de soucis, commande d’une couverture d’annexe, achats divers en fournitures pour le bateau.

Deux jours après notre arrivée c’est expédition dans l’après-midi à Colòn, la ville la plus proche de la Marina. Pour la rejoindre nous empruntons la navette gratuite et traversons le pont de l’Atlantique. Arrivés dans la ville, nous sommes émerveillés par les bus du Panama, dans un style « old school » et ultra coloré. L’expédition a un but : trouver des fournitures pour le bateau et faire quelques courses alimentaires. L’envers du décor se dévoile : les rues sont sales et jonchées de déchets. Frinkle passe 2h dans un magasin de pêche pour remplir ses stocks de leurres et de fils de traîne, il a une nouvelle passion (!)


Le matin du 4eme jour, après avoir rencontré Susy notre agent au Panama plus tôt dans la semaine, l’inspecteur du Canal vient faire les mesures du bateau et nous fait remplir quelques papiers administratifs. Le bateau est mesuré sous tous ses angles, et quelques conseils sont donnés comme entre autre : être à l’heure le jour J et faire attention aux chiens pour le pilote. Nous avons le choix entre plusieurs agencements pour passer les écluses : seul, à couple avec 2 autres voiliers, seul le long du mur ou à couple avec une navette. À priori il faut éviter de passer seul contre le mur, car le mât risque de toucher les murs de l’écluse au moment de son remplissage à cause des remous. Concernant le pilote, c’est un agent du canal qui va monter à bord et nous accompagner tout au long du trajet pour nous guider. Les exigences sont nombreuses : repas chaud et de qualité, petit déjeuner continental, eau obligatoirement scellée (en bouteille). Si le repas ne convient pas, nous pouvons perdre une partie de la caution ! Nous verrons bien, nous ferons de notre mieux.
Guewen reprend la route moins d’une semaine après notre arrivée et nos derniers matelots arrivent enfin de la Martinique ! L’équipe est au complet avec François, Noémie, Pascal, Arnaud et Amandine pour traverser le canal et enchaîner avec le grand Pacifique. Notre agent Susy nous donne la date de passage : ça sera le mercredi 12 juillet. Dans l’attente de l’heure de passage le stress monte doucement.


Après plus d’une semaine d’attente, le verdict est tombé : passage de la première écluse le mercredi 12 juillet vers 16h30. Une fois le bateau préparé à quai, mouillage vers midi dans la « flat zone » réservée aux bateaux en attente du passage du canal. Nous récupérons à cet endroit les 4 amarres de 40m et les 4 énormes parbattages obligatoires pour traverser. Les choses se passent comme prévu mais avec 40min de retard. Nous allons traverser le canal avec un autre voilier monocoque Hispanophone. Notre Advisor est souriant, tous l’équipage se détend. Les chiens sont en bas dans le bateau pour ne pas gêner les procédures et sont très calmes. Nous nous rapprochons de la première écluse tranquillement en zigzaguant entre les cargos. Juste avant l’entrée dans l’écluse, mise à couple avec notre camarade voilier. Une fois entourés des murs de béton, des agents du canal nous envoient des cordes surmontées de« toulines », balles dures et lourdes de la taille d’une balle de tennis, auxquelles nous accrochons nos propres cordes. Cela leur permet de récupérer nos amarres. Et les voilà qui nous suivent dans notre progression en marchant en haut des murs de béton, cordes à bout de bras. A la fermeture des portes, ils nous accrochent sur des bites d’amarrage dédiées. Dans l’écluse avec nous nous avons un gros cargo en tête, suivi d’un yacht collé au mur. Le bassin se rempli d’eau et REEF monte tranquillement de 9 mètres en environ 15min. Cette action se répète encore 2 fois pour nous hisser à un total de 29m par rapport au niveau de la mer. Poursuite du trajet sur le lac Gatun, vaste étendue d’eau douce réputée pour ses crocodiles. Nous nous accrochons à une grosse bouée pour la nuit et savourons un repas chaud pour fêter cette première journée réussie.


Le lendemain, vers 8h30 deux nouveaux « Advisor » sont accueillis à bord de REEF : un élève et son mentor. Le petit déjeuner est servit directement : œufs au plat, tranches de bacon grillé, pain fait maison, café et jus. Ils ont l’air d’apprécier ! Nous nous mettons en route, aujourd’hui est une longue journée : 10h de navigation nous attendent. Le temps est radieux, nous sommes au comble du bonheur, surtout que la météo ne nous a pas gâté jusque maintenant au Panama. Une forêt dense nous entoure et aucune habitation ni construction n’est visible sur les rives. Force est de constater quel a été le prodige de réaliser un tel ouvrage d’ingénierie en voyant la roche à nue creusée sur plusieurs dizaines de mètres par endroit. N’oublions pas cependant les nombreuses victimes à déplorer dans la construction de ce canal. Notre bateau camarade n’est jamais bien loin, nous nous suivons. Quelques heures après le départ, on nous demande de patienter sur une bouée : le cargo qui nous accompagne dans la prochaine écluse a du retard. Nous attendons moins d’une heure avant de repartir. Cette fois-ci nous serons devant le cargo dans l’écluse. Répétition de la procédure de mise à couple et d’échange de cordes pour venir nous placer dans l’écluse. L’énorme cargo derrière nous est tracté par 4 locomotives de chaque côté, pour lui pas de force humaine au bout des câbles. Trois écluses nous séparent de l’océan pacifique. Sur la dernière écluse, appelée Miraflores, une foule de spectateurs s’amasse sur un balcon pour nous observer doucement descendre dans le bassin pendant qu’il se vide.
L’océan Pacfique est là. Nous passons sous le pont des Amériques. Sur les rives se dressent des grues aux dimensions pharaoniques qui permettent de remplir les cargos. Nos deux « Advisor » nous quittent, après quoi REEF met le cap vers la Marina Playita. Ce soir c’est restaurant pour fêter cette réussite du passage du Canal. Demain le programme est chargé : formalités de douanes et immigration, courses alimentaires et préparation du bateau pour la Transpacifique !
















Lors du passage de basyc dans le canal, Brice avait fait un superbe risotto mais qui avait été refusé, les line handler avaient demandé des spaghettis bolognaise !!!
Waouh... quelle aventure ! Pas rien la traversée de ce canal ...Je trouve tout à coups ma journée de taf derrière mon PC d'une banalité affligeante...😉Merci pour ce partage, ces récits très agréables à lire et ces belles photos. Profitez bien de ces moments extraordinaires.
Extraordinaire, quelle expérience. Ça donne envie de repartir. Bonne continuation
Excellent !! Bravo à tous… j’attends les images des étirements du GB du groupe ( Pascal comprendra!)….
Bon vent à vous !
Bises des antilles
Il n’y a qu’un mot: oufti… 🤭Amandine devra peut-être demander une traduction aux belges de l’équipage 🤪